Pourquoi un tour du monde ?
Publié le 09 juillet 2024
Réponse courte : parce qu'on en a envie.
Réponse un peu moins courte : parce qu'on en a envie depuis longtemps !
Réponse plus longue : il faut lire la suite 😉
À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous sommes à quelques dizaines de jours du début de l'aventure. Mi-stressés mi-surexcités à l'approche du grand départ 🫠. Il faut dire que ça fait (très) longtemps que nous comptons les jours. Et si certaines personnes partent au bout du monde sur un coup de tête, presque du jour au lendemain, ce n'est pas vraiment notre cas.
Comme nous l'avons suggéré dans notre manifeste, l'idée de faire un tour du monde n'est pas nouvelle pour nous. Elle date même de plusieurs années avant que nous ayons pris la décision de le réaliser concrètement. Et en attendant d'acter la date du départ, nous avons défini, redéfini, re-redéfini (et encore un certain nombre de fois) quelle forme allait prendre ce voyage.
Nous avons toujours aimé voyager, partir à la découverte de nouveaux lieux, de nouvelles cultures. Et, rapidement après nos premières escapades étudiantes, nous nous sommes progressivement éloignés de la formule "voyage express", souvent dégainée le temps d'un week-end prolongé ou d'une petite semaine de vacances. Le sentiment de trop peu, ou de trop rapide nous laissait trop insatisfaits.
C'est lors d'un voyage Interrail en Europe centrale que nous avons découvert le concept de slow travel, qui nous a conquis et que nous avons adopté par la suite. Pendant 10 jours, nous avons voyagé en train pour visiter Prague, Ljubljana et Vienne. Le fait de le faire sans avion et en itinérance a profondément changé notre façon d’appréhender le voyage. Nous y avons découvert le plaisir de laisser place à l'imprévu, de contempler les paysages, de ressentir physiquement les kilomètres que nous traversions. Nous avons pris conscience du voyage dans sa globalité, et non plus seulement des destinations à atteindre le plus vite possible.
Depuis, nous avons constamment cherché à appliquer cette philosophie de voyage lent que nous trouvons si agréable, que ce soit pour visiter des villes, pour des randonnées en itinérance, et aujourd'hui pour un tour du monde.
Nous avons commencé il y a un certain temps par ce qui nous semblait être la base : définir un itinéraire. Littéralement, tracer un chemin sur une carte et tenter de le suivre pendant un an.
Dès le départ, notre volonté a été de prévoir suffisamment de temps pour chaque pays que nous aurons choisi de visiter, pour aller plus loin que la surface et s'imprégner de la culture locale. Entre trois et six semaines par pays nous a semblé un bon équilibre. Nous avons donc passé un certain nombre d'heures à lister des pays, puis à en enlever, puis à en remettre (encore et encore...) jusqu'à atteindre le nombre réduit de 10 pays :
Et, comme vous pouvez le voir, notre itinéraire s'est finalement limité à l'Eurasie.
"Mais vous ne pouvez pas appeler ça un tour du monde si vous ne faite pas réellement le tour du monde !" nous direz-vous. Et c'est vrai que, vu sous cet angle, on peut difficilement appeler ça un "tour du monde".
Cependant, cette notion de "tour du monde" telle que majoritairement perçue nous parait assez réductrice et formatée. Il faut aller sur tous les continents ! Visiter le plus de pays possible ! Avoir un passeport rempli de jolis tampons ! Voir un maximum de choses !
Vous l'aurez compris, cette démarche n'est pas vraiment celle que nous prônons. Et, honnêtement, nous trouvons qu'il est plus réjouissant de profiter progressivement de l'arrivée dans un pays plutôt que d'y être catapulté en total jet lag.
"Ok, dans ce cas appelez-ça autrement puisque vous n'aimez pas le concept."
Justement, nous aimons le concept de base : voyager autour du monde. Faire l'expérience de nouvelles cultures, voir de nouveaux paysages, rencontrer de nouvelles personnes. La Terre est vaste et ses environnements divers, et l'espèce humaine s'y est adaptée sous des formes immensément variées tout au long de son histoire. Pour l'apprécier pleinement, nous pensons qu'il est important de prendre le temps.
Croyez-nous, ça n'a pas été facile de faire une croix sur l'Afrique et les Amériques. C'est dû dans les deux cas à notre choix de ne pas prendre d'avion, mais avec des contraintes induites différentes.
Nous avons pensé un temps traverser les pays du Maghreb via le détroit de Gibraltar pour rejoindre l'Asie par le Moyen Orient, mais de trop nombreux obstacles géopolitiques (Libye, Syrie, Iran, piraterie en mer d'Arabie...) nous ont obligés à réviser cette partie du trajet.
Pour les Amériques, nous prévoyions à l'origine d'y accéder en traversant les océans Pacifique et Atlantique à bord de cargos de fret. En effet, les cargos sont pourvus de cabines pour passagers "civils" et représentent un coût carbone nul pour nous. Passagers ou non, un cargo fait son trajet et son empreinte carbone n'est pas impacté par le nombre de personnes à son bord qui s'en servent comme taxi-géant des mers.
Seulement, depuis le Covid, les armateurs qui proposaient ce service l'ont tous suspendu, sans exception et sans garantie de le remettre en place dans les prochaines années. Reste les traversés à la voile que nous avons également considérés mais qui auraient pris trop de temps sur notre voyage (et puis nous n'avons pas particulièrement le pied marin non plus 🚣).
Pas de grande traversée pour nous 🥲
Avec toutes ces contraintes qui nous ont obligées à réviser sévèrement nos premières ambitions, vous pourriez vous dire que notre choix de ne pas prendre d'avion est finalement surtout handicapant. En réalité, pour nous, c'est d'abord une modification de nos priorités.
Celles et ceux qui nous connaissent savent que nous nous sentons très concernés par le changement climatique et que nous tentons de réduire de plusieurs manières et depuis plusieurs années notre impact sur l'environnement. Une des évolutions de notre projet a donc été d'intégrer ce mot d'ordre dans notre voyage, et de prouver qu'il était possible d'en faire un avantage plutôt qu'un inconvénient.
Car voyager, c'est polluer. En moyenne significativement plus qu'en restant chez soi. Si l'empreinte carbone par habitant en France est de 9,2 tonnes équivalent CO2 (estimation Insee 2022), celle d'un voyageur au long cours est de plus de 21 tonnes équivalent CO2 pour un an (estimation Tourdumondiste 2019 se basant sur une enquête publique et les chiffres de la base carbone de l'ADEME).
Cet écart s'explique notamment par la part très importante qu'occupe le transport dans le voyage. Ce qui se comprend, car voyager c'est surtout se déplacer. Près de 50% de l'empreinte touristique mondiale est due aux transports (Nature Climate Change, 2018). Et quand on regarde quels sont les modes de transport les plus émetteurs, on en vient rapidement à conclure qu'il faut renoncer à certains d'entre eux pour réduire notre empreinte.
Impact carbone des différents moyens de transport pour 1000km (source : Impact CO2)
Tout ceci étant dit, nous ne prenons en aucun cas une position de moralisateur sur celles et ceux qui continuent de prendre l'avion. Pour beaucoup, voyager loin est un luxe (quand voyager tout court n'en est pas déjà un) et l'avion reste encore le seul moyen de se l'offrir sans se ruiner.
Nous tentons humblement de trouver une solution à une problématique qui nous tient à cœur sur un sujet parmi tant d'autres : comment voyager de manière plus responsable pour la planète. Et, au travers de ce blog, nous espérons que nos écrits permettront un début de réflexion, une discussion, un débat, une action qui fait bouger les lignes 🙂.
Mais, au-delà des considérations environnementales, nous pensons surtout que se passer d'avion nous permettra de prendre réellement le temps d'apprécier tous les aspects du voyage. Moins d'instantanéité, moins de courses contre la montre, moins de stress, nous ne cherchons pas à "rentabiliser" notre temps au maximum. Avec ce voyage, nous souhaitons renouer avec une temporalité plus humaine.
Le projet est mûrement réfléchit sans non plus être cadré de bout en bout. Cela peut paraître contradictoire, mais c'est tout simplement que nous faisons le choix de laisser de la place à l'imprévu, source inépuisable d'émerveillement.
Se laisser porter, c'est aussi savoir lâcher prise sur notre quotidien. Et même si nous savons dans quelle direction aller, les chemins à emprunter sont multiples et parfois invisibles de loin. Nous les laisserons venir à nous ✨.